Le
bureau de communication digitale Prophets est l’un des premiers à
lancer la nouvelle technologie iBeacon d’Apple en Belgique. © DR
Suivez le guide, mesdames et messieurs…» Même s’ils répètent leurs
propos à longueur de journée, les guides apportent une touche
particulière à toute visite de musée. Ou du moins apportaient. Autrefois
indispensable, cette vénérable tradition est, elle aussi,
progressivement emportée par la vague numérique.
Aujourd’hui, la plupart des musées proposent aux visiteurs le prêt ou
la location d’un guide électronique portable: en encodant sur le
clavier numérique de l’appareil les chiffres correspondant à la
référence de telle salle ou de telle œuvre, le visiteur bénéficie pour
chacune d’un commentaire audio qu’il découvre via un casque ou des
oreillettes.
Mais à peine installée, cette nouvelle approche pourrait
progressivement céder la place à une autre. Son nom: iBeacon (prononcer
«aille biconne»).
Lorsqu’ils entrent dans la Maison de Rubens, à Anvers, les touristes
sont désormais invités à télécharger une application sur leur iPhone ou
leur iPad. Après? Ils n’ont plus rien à faire. Pas de bouton à pousser,
pas de code à introduire.
Comme par magie, l’appareil semble «sentir» où se trouve le visiteur
au fil de ses déplacements dans le musée et lui communique le
commentaire approprié.
En fait, il ne se limite pas à cela, mais se transforme en un
véritable outil interactif offrant une expérience que le vénérable guide
d’antan n’aurait pu imaginer. Ici, l’écran découvre une œuvre passée
aux rayons X.
Là, on profite d’un agrandissement du détail d’une peinture. Et dans
la cour intérieure, on a droit à une sorte de voyage dans le temps qui
nous dévoile son évolution et sa restauration. Tout cela, sans devoir
procéder à la moindre manipulation sur le smartphone ou la tablette.
À ce stade, l’exploitation de la technologie dans la Maison de Rubens
ne l’est encore qu’à titre de test. Il est vrai qu’elle est toute
jeune: il y a moins d’un an qu’elle a été dévoilée par Apple. Le
principe? Des iBeacons – de petits transmetteurs à basse consommation
énergétique (le terme anglais «beacon» signifie «balise») – ont été
discrètement placés dans les diverses pièces du musée.
Ils s’appuient sur Bluetooth Low Energy (aussi appelé Bluetooth Smart
ou Wibree), une variante de la technologie sans fil pouvant atteindre
jusqu’à 45mètres et qui envoie des informations par signal de type
«push».
Sur les stades de baseball
iBeacon utilise donc la géolocalisation rapide d’un utilisateur de
smartphone ou de tablette ayant accepté l’envoi de notifications. Dans
le cas du musée d’Anvers, elles sont de type purement informatif ou
culturel. Mais d’autres applications sont envisagées ou déjà mises en
place.
Aux États-Unis, la ligue de baseball vient de commencer
l’installation d’iBeacons dans plusieurs stades: dès son arrivée, le
visiteur sera guidé vers sa place grâce aux diverses balises qui
l’identifient. Il pourra aussi recevoir sur son smartphone des coupons
de réduction sur une boisson ou un tee-shirt de son équipe favorite.
Mais le principal potentiel de la technologie devrait venir
d’applications commerciales. En passant devant un de vos magasins
favoris, vous serez averti d’une promotion ou recevrez un bon de
réduction valable ce jour-là.
C’est ce que, à titre de test, Apple a mis en place en équipant ses 254 boutiques américaines juste avant les fêtes.
D’un prix approximatif de 25$, une balise iBeacon ne requiert pas
d’alimentation extérieure: il n’y a pas de câblage à installer et son
autonomie avoisinerait les deux ans. Elle peut donc être rapidement
installée dans n’importe quel lieu.
Alors, va-t-on voir des iBeacons progressivement fleurir dans tous
les espaces culturels, sportifs ou commerciaux? Peut-être. La
technologie d’Apple ne fait finalement que mettre en pratique le
potentiel évoqué depuis des années autour de la Near Field Communication
(NFC), mais qui souffre de contraintes techniques (la distance entre la
borne et le smartphone ne peut dépasser quelques centimètres).
À terme, iBeacon pourrait aussi se transformer en système de paiement sans contact.
Reste à savoir si les acteurs du secteur, les banques ou encore les
opérateurs télécoms seront prêts à dérouler le tapis rouge devant la
technologie poussée par l’entreprise californienne.
Auteur : PHILIPPE DESALLE
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