Le numérique est la grande affaire des vingt dernières années. Il
nourrit le sentiment qu’il est possible de démocratiser l’accès au
patrimoine et de faire connaître les œuvres et les sites à celui qui n’a
pas les moyens de se déplacer.
Mais il constitue un outil fragile de conservation, les fichiers devant
être régulièrement adaptés aux nouveaux formats et à l’évolution des
supports de lecture. C’est dans le champ de l’écrit que les plans de
numérisation sont les plus avancés. Des initiatives nationales ou
internationales, publiques ou privées, certaines venues des géants de
l’Internet, permettent de visiter virtuellement des sites majeurs.
Dassault Systèmes lance en 2005 le programme « Passion for Innovation »
qui abrite le projet « Kheops révélé », mené par l’architecte
Jean-Pierre Houdin, et le « Giza Archives Project », par Peter Der
Manuelian. Google ouvre en 2011 « Art Project », qui consiste en la mise
en ligne de reproductions de musées et monuments historiques. Il est
possible d’enregistrer des vues spécifiques afin de créer sa «
collection personnelle ». Le site propose ainsi une visite de la galerie
des Glaces de Versailles, au cours de laquelle on accède à une
reproduction en haute résolution du plafond peint par Charles Le Brun.
Une visite en 3D peut constituer un substitut à la vraie visite lorsque
les coûts du déplacement sont excessifs ou que le site est fermé du fait
de la fragilité des vestiges (site maya de Calakmul au Mexique, site de
Lascaux, etc.). Ces projets requièrent des financements ad hoc :
subventions, dons, le consentement à payer du visiteur virtuel étant
généralement très faible ou inexistant. La gratuité de ce mode d’accès
au patrimoine peut néanmoins inciter à la visite « réelle » et surtout
constituer un atout dans la compétition qui se joue entre les cultures.
Auteur : Benhamou Francoise
Le Journal des Arts - n° 410 - 28 mars 2014
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